L’histoire de Verquières, une des plus petites communes des Bouches-du-Rhône, avec ses 458 hectares, comporte bien des phases obscures, depuis les marécages occupés du néolithique, mais grâce à certains historiens et archéologues, nous pouvons en connaître quelques grandes lignes :
C’est ainsi qu’au tout début, à l’époque du bronze et du fer, dans une plaine marécageuse ressemblant à notre Camargue actuelle, un groupe de population celto-ligure s’établit sur le rocher du Puech, à Noves. Au moment des invasions, les Gallo-Romains qui avaient défrîché en partie « les Paluds », se réfugient sur les hauteurs ancestrales. Un groupe occupe alors la colline de Vacquières d’où le nom que l’on donnera plus tard à notre village.
Quelques poteries grises des Vème et VIème siècles ont été dénombrées : on vivait donc là, à l’époque mérovingienne. Jusqu’au XIème siècle, Verquières paraît avoir été libre de toute dépendance seigneuriale puis, l’acte de 1150 fait rentrer ses biens sous la suzeraineté des évêques d’Avignon.
En 1155, le pape Adrien IV confirme cet état de fait et parle de « villa » pour Verquières : c’était, semble-t’il, une grande exploitation agricole. A cette époque, deux influences rivalisent sur le plan religieux : celle de l’abbaye de Montmajour et celle de l’évêché d’Avignon. Ce dernier fait édifier une église dédiée à Saint-Vérédème pour affirmer temporalité sur les étendues palustres et herbeuses où paissent des troupeaux de cavales et taureaux. Mais qui était ce Vérédème sinon un ermite d’origine grecque qui a beau se cacher.. en vain!.. Avignon l’enlève, un jour, de sa retraite dans les gorges du Gardon, pour en faire un évêque.
En 1198, l’évêque d’Avignon donne en fief Verquières, dit maintenant « villa castrum » ou grand domaine fortifié, à Raymond et Rostang Gantelmi, mais ces derniers n’auront aucun droit sur l’Eglise et ses biens.
Au XIIIème siècle, Villoe de Vercheriis (Verquières) est soumis à de nombreux partages, soit au profit de la mense épiscopale, soit en faveur des Comtes de Provence. En 1250, la communauté ne comptait que 30 feux.
Jusqu’à la moitié du XIVème siècle, la vie de Verquières est un pâle reflet de celle de Noves avec toutefois un léger retard, tant dans la mise en application des réformes religieuses que dans la mise en valeur des sols.
Verquières, en 1340, est maintenant un « locus » c’est-à-dire un lieu habité avec à sa tête un coseigneur, le châtelain Jean de Gantelmi, vassal de l’évêque d’Avignon.
Mais des années difficiles arrivent alors : peste dès 1348, troubles de bandes armées dont celles du Condottière Arnaud de Cervole qui dévastent la région et qui mettent en souffrance les possessions du pape ; années de détresse qui voient s’édifier partout des remparts y compris à Verquières, dès 1363.
A la fin de ce même siècle, Marc Mielly, historien local, nous relate quelques extraits encore plus terribles :
« Est-ce en 1391 que fut frappé Verquières?… le petit village ne résista pas aux guerres de Raimond de Turenne. Il fut assiégé, démantelé, renversé et resta longtemps par la suite un lieu ouvert et désert…Il était sur la route de l’abbaye de Mollégès qui fut pillée par les soldats du terrible vicomte… »
La peur règne alors dans les campagnes…
Il ajoutera ceci : « En 1412, les mots de villa, de castrum ne sont plus employés pour Verquières… Le village ne s’est donc pas encore regroupé autour de son église. L’enceinte des remparts doit être détruite. Il faut attendre 1446 pour apprendre que quelques habitants sont revenus s’installer parmi les ruines. »
Un peu plus tard, la paix revenue, René d’Anjou, comte de Provence, favorisera la mise en exploitation du sol avec les seigneurs locaux : à Verquières, le territoire fut partagé entre plusieurs fermes.
Alors que la Provence passe au domaine de France, le 11 décembre 1481, Noves et Verquières y sont rattachés officiellement par le lien vassalique, le 11 juin 1482.
Dans son testament du 11 avril 1509, Olivier de Seytres s’intitule seigneur de Caumont et de Verquières. Cette famille conservera la seigneurie en prêtant hommage à l’évêque d’Avignon qui nomma en retour, un prieur résidant à Saint-Rémy qui venait y officier le dimanche.
Au XVIIème siècle, le curé de Noves prétend avoir des droits sur l’église, et en réclame les revenus. Il fut débouté par une sentence du parlement de 1682, attendu que Verquières a « corps de communauté, dîmerie distincte, fonts baptismaux, cimetière… », et a toujours été « qualifié de paroisse. »
Il est à cette époque, à consigner, un souvenir attachant : celui de Saint-Benoît Joseph Labre, mendiant et pèlerin moderne, donnant à d’autres pauvres, le produit de sa mendicité.
Pendant la révolution, il n’y eut aucune vente de biens nationaux, mais la paroisse fut supprimée. Elle ne fut pas rétablie au Concordat et la population fut rattachée à Saint-Andiol. L’église servit alors de grange.
A la demande des habitants, elle fut rouverte et bénie à nouveau en 1833, mais ce n’est qu’en 1841 que Verquières redevient paroisse.
Au milieu du XIXème siècle (1851), la population comptait 152 âmes. Il fut donc nécessaire d’agrandir l’église.
En 1862, le presbytère fut rebâti, en grande partie aux frais de la cure et c’est alors que le hameau des Paluds de Noves fut officiellement rattaché à la paroisse de Verquières qui offrit cette singularité d’avoir la plus grande partie de ses fidèles dans une commune voisine.
Parmi les curés du XIXème siècle, nous devons à M. Roy, qui officia dans notre église de 1876 à 1894, les croix en fer forgé aux entrées du village.
Au XXème siècle, une figure phare de la Résistance Française lors de la Seconde guerre mondiale a vécu pendant une bonne partie de son enfance dans le beau mas de Saint-Louis, propriété de sa grand-mère maternelle : il s’agit, bien sûr, de Jean Moulin.
De nos jours, notre petit village, situé dans la plaine maraîchère de la Durance et donc à vocation agricole essentiellement, compte plus de 800 habitants.
Document réalisé par Danièle TRINQUÉ, conseillère municipale d’après l’ouvrage de Marc MIELLY : « Noves, Agel et Verquières ».